Elizabeth Gaines, une volonté de fer
Entrée chez FMG en 2013 en tant que directeur non exécutif, Elizabeth Gaines prend les rênes de la direction financière en février 2017 avant d’être nommée CEO un an plus tard. En 2019, la dirigeante est classée deuxième Businessperson of the Year du magazine Fortune, derrière le PDG de Microsoft, Satya Nadella. Sous sa direction, le quatrième producteur de minerai de fer mondial – après Vale, Rio Tinto et BHP –, a vu son cours de Bourse progresser de 400 % en trois ans et demi, passant de 5 à 25 dollars australiens.
Après avoir œuvré dans plusieurs secteurs, ce n’est sans doute pas un hasard si Gaines se retrouve à gérer des mines dans la région de Pilbara, au sud de Kimberley. C’est en effet dans cette zone du nord de l’Australie-Occidentale que naît Elizabeth en 1963. Fille du directeur de l’école locale, et seule écolière « blanche » de sa classe, la petite Liz passe son enfance à Halls Creek, aux abords nord du Grand Désert de sable. La nature et l’immensité du paysage constituent son terrain de jeu.
La musique est une affaire de famille chez les Gaines : sa mère joue du piano, son père de la guitare. À onze ans, suivant les traces de sa sœur Alison au violon puis de son frère Bruce au tuba, Elizabeth gagne une bourse d’études musicales à la très sélective Perth Modern School. Son instrument de prédilection : le cor d’harmonie. Plus tard, la cadette Jo perpétuera la tradition en entrant dans cet établissement scolaire réputé. Au trombone.
"Il s'agit de se débrouiller, de retrousser ses manches et de ne pas faire sa princesse"
Cette période a engendré, selon les dires d’Elizabeth, une approche disciplinée des études et posé les bases d'une éthique de travail qui lui a bien servi au cours de sa vie professionnelle. "Il s'agit de se débrouiller, de retrousser ses manches et de ne pas faire sa princesse", précise-t-elle. S’éloignant du souffle musical, et son diplôme de commerce en poche, Elizabeth voyage en Europe et travaille quelques années en banque d’investissement à Londres. De retour en Australie, elle poursuit sa carrière en banque sur des fonctions de trésorerie en suivant en parallèle un Master Finance à l’Université Macquarie de Sydney.
Ce sera le début d’une chevauchée fantastique à des postes de haut niveau. De directions financières ou opérationnelles en conseils d’administration ; de Perth à Sydney, en passant par Londres ; de la construction et des infrastructures aux services financiers ou au tourisme… s’ensuivent une vingtaine d’années brillantes durant lesquelles Gaines fait ses preuves en matière de leadership avant de rejoindre FMG en 2017. "J'ai appris très tôt que la diversité est vraiment la clé du leadership et du succès", explique-t-elle, justifiant non seulement son parcours varié mais également les équipes qu’elle dirige.
"J'ai appris très tôt que la diversité est vraiment la clé du leadership et du succès"
Aujourd’hui, ses priorités stratégiques au sein de FMG concernent la diversification des activités et la transition énergétique. La production et l’utilisation d’hydrogène en Australie-Occidentale ainsi que celles d'autres minéraux tels le cuivre et l'or en Amérique du Sud font partie des options en cours d’exploration ou de développement.
Dans le même temps, Elisabeth Gaines mène activement des projets liés au changement climatique. En mars 2021, FMG a annoncé un objectif de réduction des émissions des opérations pour atteindre la neutralité carbone d'ici à 2030. Pour cela, l’entreprise d'énergie verte 100 % renouvelable créée en 2020 par FMG (Fortescue Future Industries) servira de catalyseur pour un avenir minier durable.
Enfin, Elizabeth Gaines aura à cœur de plonger dans ses lointains souvenirs en terre aborigène pour composer avec les populations indigènes avec lesquelles le groupe est en conflit. Souvent, exploitation minière et jardinage ne font pas bon ménage.
Marc Munier