Diplômé de HEC, cet ophtalmologue a déroulé sa carrière dans le privé avant de fonder Point Vision. Gérés comme des entreprises, ses centres médicaux proposent à leurs patients des consultations dans des délais rapides et à des prix raisonnables. Portrait d’un dirigeant qui plaide pour une médecine adaptée au XXIe siècle.

Il y a bientôt dix ans, alors qu’il occupe le poste de vice-président de Pfizer France, François Pelen dresse un constat : les délais de consultation pour les yeux sont trop longs. La raison ? Les ophtalmologues passent en moyenne 30 % de leur temps à remplir des tâches techniques, tout autant à se consacrer à de l’administratif, le reste étant dévolu aux patients. Or la partie technique peut être déléguée à des orthoptistes quand l’administratif revient aux secrétaires médicaux.

Non sans hésitations, à 53 ans, François Pelen se lance dans l’entrepreneuriat. Sur les conseils d’investisseurs, il s’entoure de deux autres diplômés de HEC où il a fait un MBA, l’un en provenance de Pfizer, l’autre spécialisé dans le droit. C’est le début de Point Vision. "Mon idée consistait à permettre une consultation de qualité, dans un délai raisonnable et à des tarifs raisonnables", explique le dirigeant qui a été attaché à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil pendant quarante ans en parallèle de ses fonctions dans le privé.

Répartition des tâches

Aujourd’hui, près de 1 000  personnes dont 700 salariés et 300 ophtalmologues travaillent dans son entreprise, qui dispose de 38 centres et devrait atteindre la cinquantaine d’ici à la fin de l’année. Mais Point Vision, qui a accueilli 1,2 million de patients en 2019, veut aller plus loin et s’attaque au fléau des déserts médicaux. Un projet dont François Pelen, président du directoire, s’occupe personnellement et qu’il qualifie de "deuxième étage de sa fusée".

François Pelen a toujours voulu exercer "un métier tourné vers l’autre"

Afin que les petites villes puissent bénéficier de spécialistes des yeux, le dirigeant crée les "postes avancés". C’est-à-dire des centres plus petits dans lesquels pourront être traités les sujets techniques et administratifs. Les résultats des examens seront ensuite télétransmis à un ophtalmologue du centre principal qui peut échanger à distance avec le patient ou venir sur place entre deux et quatre fois par mois. Développé en partenariat avec la Caisse d’assurance maladie, ce concept va faire ses premiers pas entre Lille et Saint-Quentin.

Médecin entrepreneur

Les centres médicaux de Point Vision fonctionnent à la manière d’entreprises. Les ophtalmologueschefs bénéficient d’une formation en management à HEC et la satisfaction client est considérée comme la clé de la réussite, souligne le dirigeant féru de marketing. De là à déshumaniser la médecine ? Non, répond François Pelen pour qui des prises de soins plus rapides avec des ophtalmologues qui ont le temps de recevoir les patients sont, au contraire, une manière de réhabiliter cette science. Il a d’ailleurs publié en octobre dernier un ouvrage sur le sujet pour partager son expérience ainsi que ses méthodes de travail, et dont le titre est sans équivoque, Crise sanitaire : pourquoi il faut presque tout changer.

Car François Pelen a toujours voulu exercer "un métier tourné vers l’autre". Plus jeune, celui qui se qualifie lui-même d’"extraverti" se rendait souvent à Europe 1 et collectionnait à 15 ans tous les numéros du Point, lui qui songeait à devenir journaliste. Alors qu’il hésitait entre Sciences Po, une école de commerce ou la médecine, c’est finalement cette troisième voie qu’il choisit et plus spécialement l’ophtalmologie : "Quand j’étais étudiant je trouvais que les gens mettaient des heures à se déshabiller, explique-t-il avec humour, qualité dont il est bien doté. Comme je suis hyperactif, je trouvais l’ophtalmologie pratique car il n’y a pas besoin d’enlever des pelures pour commencer une consultation." Un goût pour l’efficacité qui se retrouve dans la gestion des centres de Point Vision et à l’origine de leur succès.

Olivia Vignaud

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