Réinventer l’apprentissage. C’est l’objectif de la Sales Academy de HEC. En seulement un mois, les étudiants de quatre écoles différentes créent un site e-commerce ex nihilo. Un plongeon dans le monde du travail pour les élèves, un accélérateur d’innovation pour les entreprises partenaires.

Faire et non seulement apprendre

« Imaginez une réunion avec le président de votre entreprise. Vous êtes avec deux autres collègues de profil business, un créa, un intégrateur Web et un codeur. Votre mission : réaliser, en seulement trois semaines, un site e-commerce fonctionnel ! En mode start-up, en équipe, avec un focus : straight to the point ! » Le ton est donné dans le mail reçu par les quarante-deux étudiants de la Sales Academy deux jours avant le top départ. Son expéditeur : l’architecte du séminaire, Cyril Pierre de Geyer. Créer une académie pour « faire et non seulement apprendre », c’est l’ambition de ce serial entrepreneur du Web lorsqu’il construit, en 2012 avec Julien Lévy, la Sales Academy. Cognitif, le concept brise les silos de l’enseignement traditionnel. Avec des étudiants aux profils complémentaires qui apprennent en créant, ensemble. Âgés de 21 à 27 ans, les élèves de HEC, de l’école 42, de l’université Paris-Saclay et de l’école de design E-artsup travaillent de façon intensive. Trois semaines au cours desquelles quinze intervenants et cinq coachs les accompagnent étape par étape. Optimiser le référencement naturel, construire son back-office sur Wordpress, utiliser la méthode Scrum pour gérer son projet ou encore préparer son pitch : tout est dans la boîte à outils. Des étudiants immergés dans le lean start-up, des entreprises inspirées par la génération Z. Nouveau format d’open innovation, le modèle est gagnant pour tous.

 Briser les silos de l’enseignement traditionnel

 

Deux projets, deux académies

Les étudiants avancent en conditions réelles, avec un vrai produit, un vrai site à créer pour de vraies entreprises. Cette année, l’assurance en ligne Direct Assurance et le créateur de mode Doria Salambo jouent le jeu. Grand groupe versus TPE, les deux projets sont radicalement différents. Nicolas Montetagaud, directeur marketing de Direct Assurance détaille le cahier des charges : « Notre offre est la moins chère du marché, mais personne ne change d’assurance uniquement pour son prix. Il faut autre chose. L’utilisateur doit nous identifier comme un service à distance mais proche de lui, pour passer d’une promesse de prix à une promesse relationnelle. » Changement de registre avec le projet Doria. Bruno Salambo, son fondateur, présente l’histoire d’une vie : « Doria, mon épouse, sortait de S-mode, moi du cinéma, nous n’avions pas un rond. Première collection, un homme débarque et achète tout. C’est le début du rêve américain. Puis arrivent sur le marché Zara, H&M et Primark. Aujourd’hui nous voulons repartir, mais différemment. Avec un site e-commerce revisité et des pop-up store pour attirer les clientes. Logo, stratégie marketing… Vous avez carte blanche.?» Si Nicolas « espère de bonnes idées », Bruno veut « repartir avec le code source », mais pour les deux entreprises, l’exercice est un incubateur d’idées à moindre frais.

Un incubateur d'idées à moindre frais 

 

Pivoter

« Exploitez d’autres potentialités, “hackez” et “disruptez” votre marché. » Les étudiants baignent dans la sémantique corporate. « La clé n’est pas l’idée mais l’équipe, sa polyvalence, son ambition, sa capacité d’écoute pour pivoter quand il le faut?» , insiste le directeur. Un conseil qui restera à l’esprit de chaque groupe, notamment celui du quatuor rebaptisé « Testostérone ». Quatre jeunes garçons d’abord lancés sans précaution dans la création d’une assurance en ligne uniquement pour les hommes – « parce que les risques sont plus importants ». « Inenvisageable sur le marché » d’après les coachs. Pourtant mal embarqué, le groupe changeait alors son fusil d’épaule et décrochait finalement le coup de cœur de Direct Assurance qui relèvera « l’ergonomie impeccable » de leur site. « Au départ, ils tâtonnent, veulent réinventer les modèles en oubliant la faisabilité », explique Bruno. Mais les coachs aident à rectifier le tir. « Balayez vos croyances », répète Antoine, responsable technique chez France télévision. « Trouvez un langage commun pour réussir à travailler ensemble.?»  Un exercice pas toujours évident. « L’un des groupes a failli en venir aux mains et le manque de cohésion a déteint sur leur projet », confie Jean-François Naud, responsable des technologies Web et mobiles chez Relais & Châteaux. « Travailler en mode projet, c’est aussi accepter de ne pas savoir, même lorsqu’on vient d’une grande école?», souligne Rémy Marcellin, chef de projet chez Medialog. « Quand un étudiant repart en disant “Je pensais tout savoir et j’ai tout à apprendre”, l’objectif est atteint.?»

 

Le pitch gagnant

Après trois semaines de brainstorming, workshops et quelques nuits blanches, les étudiants sont conviés à la finale. Comme pour un appel d’offres, chaque groupe présente son site, dont la plupart sont déjà en ligne. Storytelling, stratégie d’acquisition, réalisation artistique… Forces et faiblesses sont décortiquées par les jurys pointilleux. Sur l’ensemble des propositions, la qualité du pitch est déterminante. Pour Doria Salambo, dans un univers urbain ou rétro-chic, la robe est revisitée sous toutes ses coutures. Le projet desdits quatre fantastiques remporte les préférences du jury. Avec un marketing ultra-abouti, le site met « l’émotion au centre de la création artistique ». La marque devient Salambo, en hommage à Flaubert, les croquis signés de la main des stylistes accompagnent les robes dans les colis et les pop-up store posent leurs cartons dans des galeries. Le kit de « l’art qui vous habille » fait mouche. Pour Direct Assurance, c’est la valse des baselines : « vous conduisez, nous assurons », et des propositions ambitieuses : «  Electric cars, un site dédié à l’assurance des voitures électriques ». Mais grâce à un pitch structuré et efficace, le groupe des combattants remporte la partie. «?Une assurance directe sur toute la ligne, en ligne, pour vous et par vous » suffit à convaincre. « Vous avez bien fait en trois semaines ce que nous avions mal fait en un an, bravo », salue Bruno. « On va s’inspirer de vos idées », enchérit Catherine Job, responsable marketing de Direct Assurance. « Et n’hésitez pas à candidater, nous cherchons des talents ». Invités à faire du networking suite aux présentations, certains étudiants repartent promesse de stage en poche et l’une des troupes envisage de concrétiser l’aventure Doria en mode start-up. Un happy end pour la Sales Academy.

 

Alexandra Cauchard 

 

Retrouvez l'interview du directeur du programme Cyril Pierre-de-Geyer 

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