Agilité, confiance et management responsable. Voilà les trois piliers de la politique RH d’Extia, société de conseil en ingénierie. Emmanuel Pays, DRH du groupe, revient sur les intérêts d'un modèle où le salarié est une fin et non plus un moyen.

Décideurs. Extia campe sur les podiums des entreprises où il fait bon travailler, quel est votre secret ?

 

Emmanuelle pays. Extia a été créée en 2007 sur l’idée forte de combiner bien-être et performance. À cette époque, nous étions précurseurs. Concrètement, la philosophie de notre entreprise est toujours guidée par la même approche : « d’abord qui et ensuite quoi ». Dans une entreprise classique, on part d’un référentiel de compétences afin de trouver des individus qui correspondent aux besoins. Chez Extia, nous renversons le paradigme en partant des talents afin de les intégrer au projet entrepreneurial. Le bien-être des collaborateurs repose aussi sur notre volonté de construire une entreprise apprenante qui favorise le partage des compétences entre pairs. Au lieu d’élaborer un plan formation top down, en fonction des exigences business, nous partons du besoin des salariés. Pour construire un environnement nutritif, où chacun se développe et partage ses compétences. Nous organisons des moments de célébration réguliers avec des événements toutes les six semaines… Créer du plaisir dans le travail est important. Au même titre que la recherche de sens. C’est pourquoi, nous valorisons les expériences de mécénat de compétences au profit notamment d’Emmaüs ou la Cité de la céramique avec lesquels nous avons tissés des liens étroits. Certains projets sont même apportés par les collaborateurs. Par exemple, l’un de nos consultants lyonnais a voulu réaliser une mission au sein d’une entreprise spécialisée dans le traitement des déchets informatiques pour construire un ordinateur 100 % recyclé avec une structure en bois. Il a proposé son projet et nous lui avons donné les moyens de créer les conditions de son développement.

 

Décideurs. Le management agile est l’une des valeurs structurantes de l’entreprise, quelle en est la traduction opérationnelle ?

 

E. P. Le management agile implique de mettre la responsabilisation des individus au centre de l’animation et de l’organisation des équipes. Celui qui fait est celui qui sait. Les problématiques du quotidien sont résolues par ceux qui sont sur le terrain et non ceux au sommet de la pyramide. Pour y parvenir, deux leviers : la confiance et le droit à l’erreur. Ainsi, l’environnement favorise l’émergence de belles histoires intrapreneuriales car nous croyons dans le potentiel de nos salariés et nous incubons leurs projets. Nicolas et son agence digitale agile Kilix, Medhi et la création d’un bureau d’étude sur la mécanique des fluides sont des success stories parmi d’autres. L’agilité c’est aussi le collaboratif. Qu’il s’agisse du logo d’Extia comme le nouveau mobilier pour réaménager l’espace, les deux ont été choisis en concertation avec les équipes. 

« Il est vital que chacun s’approprie son capital employabilité »

 

Décideurs. Pour quels types de formation allez-vous exploiter le format Mooc ?

 

E. P. Nous souhaitons prescrire à chaque salarié un programme de Mooc personnalisés tant sur des sujets techniques que sur du développement transverse. L’objectif est de former l’ensemble de nos consultants à l’agilité, notamment sur leurs périodes d’inter-contrats. Grace à des formats en blended learning, nous formerons à terme 100 % de nos salariés à l’agilité, des principes standards aux conséquences particulières sur leur poste. Ainsi, nous envisageons de créer un passeport numérique « agile » avec un niveau de certification interne. Ce projet s’inscrit dans le déploiement de Rubix, une plate-forme de formation multi-modale et modulable en fonction des besoins. Formation externe, corporate academy, extended learning, visionnage de Tedx, mentoring… Chacun peut piocher dans les formules qui l’intéressent et contribuer à l’enrichissement des compétences collectives. Tous les salariés ont la possibilité de former les autres et de transmettre leurs savoirs ou leurs hobbys. L’année dernière, 60 % d’entre eux ont été formés.

 

Décideurs. La réforme responsabilise les salariés grâce au CPF. Comment l’entreprise peut les accompagner dans la prise en main de leur parcours de formation ?

 

E. P. Cette réforme remet le salarié au cœur de son projet professionnel et met fin à l’attitude passive de certains salariés. Dans un contexte de mobilité croissante, il est vital que chacun s’approprie son capital employabilité. Quant à l’entreprise, elle doit leur en donner les moyens sans le faire à leur place. Répondre aux questions, faire des points réguliers sur ce qui est appris et sur les besoins formation, c’est notre responsabilité en tant qu’entreprise responsable. 

 

Propos recueillis par Alexandra Cauchard 

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