Bérézina à gauche, vague bleue à droite. Les élections municipales des 23 et 30 mars derniers ont entraîné la perte pour le PS de 155 villes, faisant par là même de l’UMP le premier parti de France. Tour de France des grands changements.
Du jamais vu. Parfois depuis un siècle. La bascule dans le camp de la droite des communes est sans précédent. Dimanche 30 mars au soir, 155 villes de plus de 9 000 habitants basculent de gauche à droite. Jamais depuis douze ans, l’UMP n’avait gagné d’élections locales. Le parti de Jean-François Copé revendique une « vague bleue » en remportant même des bastions de la gauche – Belfort fief de Jean-Pierre Chevènement, Nevers de Pierre Bérégovoy, Maubeuge, Roubaix, Tourcoing, Limoges, Tours ou Chamberry – ou ceux perdus en 2008 – Caen, Reims, Amiens, Laval, Saint-Étienne, Valence, Villepinte…
Et alors que des villes comme Lyon (Gérard Colomb) ou Lille (Martine Aubry) restent à gauche, les métropoles et communautés urbaines, les fameuses intercommunalités, basculent à droite.
Seuls lots de consolation : Paris, où vingt sièges de gauche permettent à Anne Hidalgo de l’emporter. Mais aussi Strasbourg, Nantes, Metz, Brest, Lens, Douai, Lourdes ou Avignon.
De son côté, le parti communiste est également battu dans plusieurs de ses enclaves historiques, comme à Bobigny, Villejuif, Saint-Ouen, Aubagne ou Brignoles au profit de la droite ou bien encore à Bagnolet au profit cette fois du PS.
Quant aux écologistes, en association avec le parti de gauche, ils gagnent Grenoble.

Mais l’autre grande surprise, c’est celle du Front national. Marine Le Pen pronostiquait quelques jours auparavant une victoire de son parti dans une quinzaine de villes. Le résultat frôle sa prophétie : onze communes remportées – Mantes-la-Ville, Marseille en son septième secteur, Béziers, Fréjus, Beaucaire, Le Luc, Cogolin… – et près de 1 200 conseillers municipaux frontistes. Restent que les seconds couteaux Florian Philippot et Louis Alliot sont respectivement battus à Forbach et à Perpignan.
Quant à savoir à qui appartient désormais la place tant convoitée de troisième parti de France et auto-accaparée par Marine Le Pen, François Bayrou et le Modem, qui a renoué avec le mandat électif en arrachant la mairie de Pau, rentre à nouveau dans la danse.

Contestation des électeurs de gauche ou forte poussée de ceux de droite ? Durant l’entre-deux tours, la hausse de la participation n’a pas profité à la gauche. Au contraire, les électeurs UMP ont amplifié leur vote, si bien que dans certaines villes, comme Reims, Saint-Étienne ou Amiens, c'est-à-dire là où des triangulaires avec le FN pouvaient bloquer, les électeurs ont voté contre la gauche, contribuant à pousser leur commune dans la vague bleue.

Le scrutin des municipales apporte un double message correctif : bien sûr il y a les causes locales qui ont contribué à chasser les exécutifs socialistes, mais il y a aussi, au niveau national, le manque de leadership de l’exécutif, ses manques de résultats ou son déficit de pédagogie qui sonnent comme un verdict glaçant contre les deux premières années du quinquennat.
Désormais, François Hollande ne peut plus dévier de cap. Premièrement parce qu’il vient de fixer à 2017 les nouvelles échéances. Ensuite, parce qu’il doit expliciter fin avril le plan drastique d’économies budgétaires – cinquante milliards. Enfin, parce qu’il s’est engagé le 31 mars dernier à rester « fidèle à [ses] engagements ». Mais, le Président est comme pris au piège. Tout le monde lui réclame le changement, par-delà même le choix de Manuel Valls à Matignon. Et s’il obéit, il perd le peu de crédibilité qui lui reste pour les prochains scrutins : métropoles, européennes et Sénat.

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