L'homme de droite, chiraquien historique et auteur Du bonheur d’être réac, n'est pas tendre avec l'exécutif, même s’il conserve pour le chef de l’État une certaine sympathie.
Denis Tillinac : « L’arrivée de Manuel Valls ne va rien changer ! »
Décideurs. Le réac partage-t-il l’avis de Manuel Valls selon lequel « la parole publique est devenue pour les citoyens une langue morte » ?
Denis Tillinac. Oui tout à fait. La parole publique est devenue un métalangage, celui des énarques et des journalistes, très comparable au langage des communistes soviétiques des années 1950. C’est inaudible.
Décideurs. Un réac estime-t-il que l’arrivée de Manuel Valls à Matignon peut combler un désir de droite ?
D. T. L’arrivée de Manuel Valls ne va rien changer! En dépit de ses grandes qualités personnelles, le Premier ministre est captif de la tradition du parti socialiste, totalement assujetti à une idéologie de laquelle il ne peut se démarquer que verbalement. D’ailleurs, la remarque vaut aussi pour François Hollande. L’exécutif ne peut jouer que sur la symbolique. C’est ce qu’il fait en ne s’attaquant qu’à des réformes sociétales. Dans une économie mondialisée, la gauche est impuissante. Tout ce qui lui reste, c’est l’idéologie. Manuel Valls aurait pu répondre au désir de droite et créer davantage de consensus dans une France divisée. Pour cela il aurait notamment fallu remercier Christiane Taubira.
Décideurs. Le réac que vous êtes se réjouit-il du pacte de responsabilité ou regrette-t-il qu’il advienne si tard ?
D. T. Le pacte de responsabilité va dans le bon sens mais de manière infiniment trop timide. Et il arrive trop tard. De surcroît il risque d’être encore modulé par des concessions accordées aux syndicats, car François Hollande est prisonnier de sa majorité. C’est la notion même de pacte que récuse le réac. Je préfère de loin les serments comme celui des mousquetaires sur la place des Vosges.
Décideurs. François Hollande partage-t-il certains fondamentaux du réac que vous décrivez à l’instar du sens de l’humour ?
D. T. Le président de la République partage avec le réac le détachement et une certaine absence de crispation idéologique. Vous avez raison, il a le sens de l’humour. C’est un plaisir pour les réacs qui le côtoient, mais peut être un handicap pour l’homme politique qu’il incarne aujourd’hui.
Décideurs. Vous écrivez dans votre livre : « une sympathie d’homme à homme m’a rapproché de nombreux politiciens socialistes ou radicaux, comme elle m’a rapproché de Hollande avant sa prise de l’Élysée… ». Comment le décririez-vous ? Comment expliquez-vous sa déconfiture ?
D. T. François Hollande a une incapacité à décider sur le long terme et à finir ce qu’il entreprend. Il n’est pas fait pour ce qu’est devenue la fonction présidentielle. Aujourd’hui être président de la République, c’est être exposé à une vive pression médiatique et c’est endurer le règne absolu de la communication. La campagne présidentielle de François Hollande était maladroite : il a promis la lune lors de son discours fondateur du Bourget, alors que son élection reposait uniquement sur le rejet de Nicolas Sarkozy. De plus, l’héritage de Martine Aubry et le pacte conclu avec les Verts ont obligé le chef de l’État à nommer Cécile Duflot au gouvernement. La cacophonie n’en fut que plus grande…
Décideurs. D’après un réac, qu’est-ce que réserve l’avenir à François Hollande ?
D. T. Je ne vois que deux scénarios possibles : soit Manuel Valls échoue et entraîne dans sa chute François Hollande, soit il transforme l’essai et, là encore, François Hollande reste sur la touche. En Corrèze.
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Denis Tillinac, écrivain, journaliste et chroniqueur, livre là « une apologie de la liberté », celle d’être réac. À la fois posture, art de vivre, vision du monde, rapport aux réalités et idée du féminin, ce manifeste de la réaction rend hommage à ce contre-courant qui privilégie selon la définition qu’en donne l’auteur , la lenteur, l’humour, la pudeur, l’altitude, les nuances. Alors : ringard ou branché le réac ? « Si désemparé soit-il, écrit Tillinac, le réactionnaire peut se consoler en se disant que dans vingt ans, ou dans vingt siècles, les historiens rendront justice à son côté inoxydable ».
Du bonheur d’être réac – Apologie de la liberté (Équateurs, 108 pages, 12 €)
Denis Tillinac. Oui tout à fait. La parole publique est devenue un métalangage, celui des énarques et des journalistes, très comparable au langage des communistes soviétiques des années 1950. C’est inaudible.
Décideurs. Un réac estime-t-il que l’arrivée de Manuel Valls à Matignon peut combler un désir de droite ?
D. T. L’arrivée de Manuel Valls ne va rien changer! En dépit de ses grandes qualités personnelles, le Premier ministre est captif de la tradition du parti socialiste, totalement assujetti à une idéologie de laquelle il ne peut se démarquer que verbalement. D’ailleurs, la remarque vaut aussi pour François Hollande. L’exécutif ne peut jouer que sur la symbolique. C’est ce qu’il fait en ne s’attaquant qu’à des réformes sociétales. Dans une économie mondialisée, la gauche est impuissante. Tout ce qui lui reste, c’est l’idéologie. Manuel Valls aurait pu répondre au désir de droite et créer davantage de consensus dans une France divisée. Pour cela il aurait notamment fallu remercier Christiane Taubira.
Décideurs. Le réac que vous êtes se réjouit-il du pacte de responsabilité ou regrette-t-il qu’il advienne si tard ?
D. T. Le pacte de responsabilité va dans le bon sens mais de manière infiniment trop timide. Et il arrive trop tard. De surcroît il risque d’être encore modulé par des concessions accordées aux syndicats, car François Hollande est prisonnier de sa majorité. C’est la notion même de pacte que récuse le réac. Je préfère de loin les serments comme celui des mousquetaires sur la place des Vosges.
Décideurs. François Hollande partage-t-il certains fondamentaux du réac que vous décrivez à l’instar du sens de l’humour ?
D. T. Le président de la République partage avec le réac le détachement et une certaine absence de crispation idéologique. Vous avez raison, il a le sens de l’humour. C’est un plaisir pour les réacs qui le côtoient, mais peut être un handicap pour l’homme politique qu’il incarne aujourd’hui.
Décideurs. Vous écrivez dans votre livre : « une sympathie d’homme à homme m’a rapproché de nombreux politiciens socialistes ou radicaux, comme elle m’a rapproché de Hollande avant sa prise de l’Élysée… ». Comment le décririez-vous ? Comment expliquez-vous sa déconfiture ?
D. T. François Hollande a une incapacité à décider sur le long terme et à finir ce qu’il entreprend. Il n’est pas fait pour ce qu’est devenue la fonction présidentielle. Aujourd’hui être président de la République, c’est être exposé à une vive pression médiatique et c’est endurer le règne absolu de la communication. La campagne présidentielle de François Hollande était maladroite : il a promis la lune lors de son discours fondateur du Bourget, alors que son élection reposait uniquement sur le rejet de Nicolas Sarkozy. De plus, l’héritage de Martine Aubry et le pacte conclu avec les Verts ont obligé le chef de l’État à nommer Cécile Duflot au gouvernement. La cacophonie n’en fut que plus grande…
Décideurs. D’après un réac, qu’est-ce que réserve l’avenir à François Hollande ?
D. T. Je ne vois que deux scénarios possibles : soit Manuel Valls échoue et entraîne dans sa chute François Hollande, soit il transforme l’essai et, là encore, François Hollande reste sur la touche. En Corrèze.
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Denis Tillinac, écrivain, journaliste et chroniqueur, livre là « une apologie de la liberté », celle d’être réac. À la fois posture, art de vivre, vision du monde, rapport aux réalités et idée du féminin, ce manifeste de la réaction rend hommage à ce contre-courant qui privilégie selon la définition qu’en donne l’auteur , la lenteur, l’humour, la pudeur, l’altitude, les nuances. Alors : ringard ou branché le réac ? « Si désemparé soit-il, écrit Tillinac, le réactionnaire peut se consoler en se disant que dans vingt ans, ou dans vingt siècles, les historiens rendront justice à son côté inoxydable ».
Du bonheur d’être réac – Apologie de la liberté (Équateurs, 108 pages, 12 €)