Les produits structurés constituent une classe d’actifs à part entière. Le point sur ce marché avec Jérémy Sayada, Managing Director chez Kepler Cheuvreux Solutions, dont l’activité a démarré en 2011.

Décideurs. Kepler Cheuvreux Solutions fête cette année ses 10 ans, quel est le bilan ?

Jérémy Sayada. En dix ans, nous avons réussi à créer un modèle d’intermédiation unique dans le monde des produits sur mesure, à mi-chemin entre la banque et le broker traditionnel. Notre offre de solutions est destinée aux institutions, aux CGPI, aux banques privées ainsi qu’aux trésoreries d’entreprises et holdings patrimoniales. Cette période marque également la reconnaissance de notre savoir-faire dans le marché. À aujourd’hui, nous avons fait émettre plus de 12 milliards d’euros. Notre modèle est basé sur la recherche, notamment grâce à notre appartenance au Groupe Kepler Cheuvreux, combiné à une architecture ouverte et un service sur mesure, en totale indépendance.

2021 a-t-elle été une année favorable aux produits structurés ?

Une très bonne année effectivement. 2021 a prouvé la résilience de ces produits avec la possibilité, même en cas de marchés relativement hauts, de recevoir des revenus réguliers tout en étant protégé contre une correction à court et moyen terme.

Quelle est la place de l’ESG dans ces produits ?

L’ESG a toute sa place dans ces produits, notamment par l’aspect sur mesure du produit structuré : obligations vertes, sous-jacent ESG, etc. Les options sont multiples. En plus de la conscience collective de s’orienter vers des produits ESG, l’Europe fait figure de leader dans ce domaine en matière de réglementation. Les flux financiers sur les produits structurés sont donc voués à se verdir. Dans la continuité de notre investissement sur la recherche, nous avons accueilli début novembre un stratégiste dédié à l’analyse ESG. En complément de l’équipe de recherche spécialisée au sein du Groupe, son rôle sera de détecter des thématiques d’investissement séculaires et tactiques autour de l’investissement responsable, et d’assister nos clients dans la construction de leur politique d’investissement.

Certains ne jurent que par les produits structurés, d'autres pensent qu'ils sont à éviter à tout prix. Rappelez-nous leur intérêt pour un client et les risques à avoir en tête.

Le premier point, c’est la diversification. Celui qui n’en fait pas et celui qui en fait trop ont le même problème. La force du produit structuré est de pouvoir offrir une protection en capital sur des scénarios de marché baissiers, une visibilité sur la rentabilité et une capacité à s’adapter à un univers de classes d’actifs très large. Le point le plus difficile à appréhender concerne sans doute la valorisation du produit. Celle-ci n’est pas toujours en adéquation avec ce que l’on peut imaginer de sa performance potentielle. Le choix du sous-jacent est donc primordial, le fondamental étant essentiel dans la construction d’un produit structuré. Le choix de l’émetteur l’est également car chaque produit est sujet au défaut de l’émetteur.

Une thématique d’investissement récente ?

Nos équipes de recherche et stratégistes nous permettent d’identifier des thématiques d’investissement génératrices de valeur sur le court terme (tactiques) ou long terme (séculaires). La thématique "transatlantique" a eu beaucoup de succès cette année. Composé de 50 actions européennes et 50 actions américaines, notre indice Solactive Transatlantique 5 % AR a permis à nos clients de diversifier leur exposition actions, en profitant du dynamisme des actions américaines et des caractéristiques défensives de celles du Vieux Continent. Cette envie de créativité permanente et de réussir à agir en fonction de chaque contexte de marché nous amènera toujours à constamment détecter des opportunités et créer des produits en conséquence.

Propos recueillis par Marc Munier

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