Neuf États membres ont déjà bénéficié de préfinancements européens pour leurs plans de relance. Les répartitions de prêts et subventions poursuivent les mêmes objectifs mais révèlent des différences d’un pays à un autre.

En juillet 2020, le 27 États de l’Union européenne s’accordaient sur un plan de relance historique de 750 milliards d’euros. Calendrier d’application, répartitions entre prêts et subventions, processus de validation des feuilles de route de chaque pays, remboursement de la dette… Le cadre était posé. Un an plus tard, l’heure est aux premiers décaissements. La Belgique reçoit 770 millions d’euros, la France 5,1 milliards, la Grèce 4 milliards, l’Allemagne 2,25 milliards quand l’Italie ou encore l’Espagne se sont vu verser respectivement 24,9 et 9 milliards d’euros. Des sommes différentes, perçues à des moments différents, certes révélatrices des modes de calcul établis en amont mais aussi de la manière dont les nations gèrent les enveloppes à leur disposition.

Rapidité bruxelloise

Dans le détail, fin août, 25 États avaient envoyé leur plan à la Commission pour une première validation en vue ensuite de celle du Conseil européen. Deux pays manquent pour le moment à l’appel : les Pays-Bas et la Bulgarie, retenus par des questions de politiques intérieures. En moins de deux mois, Bruxelles donnait son feu vert à seize copies. "Cela montre que la Commission est engagée à approuver rapidement les plans pour que l’argent arrive le plus vite possible et que l’économie reparte", commente une source européenne.

"La France fait le choix d’un choc d’investissement pour relancer son économie"

La France fait partie des premiers États-membres à avoir rendu sa feuille de route et à avoir bénéficié de 13 % de préfinancement, soit le maximum que l’UE peut lui accorder dans ce calendrier. L’Allemagne a également dégainé rapidement mais n’a demandé que 9 % de l’enveloppe qui lui était réservée. La manière dont les pays souhaitent étaler les versements est révélateur de leur stratégie de relance. "La plupart des mesures présentées dans le plan national français doivent être mises en œuvre d’ici à fin 2023, donc la majorité de l’enveloppe sera versée d’ici à fin 2023, poursuit la source européenne. La France fait le choix d’un choc d’investissement pour relancer son économie."

Investissements et réformes

Pour mémoire, les versements par pays sont conditionnés à des objectifs d’investissements et des réformes auxquelles les États s’engagent. Paris consacrera 46 % de son plan à des mesures en faveur du climat (contre un objectif minimal européen de 37 %), 21 % à la transition numérique (objectif de 20 %) et 26 % à la résilience économique et sociale. Ainsi, 1,9 milliard seront déployés en faveur du développement de chaînes de valeur pour l’hydrogène décarboné, 385 millions pour soutenir la numérisation des entreprises et 2,5 milliards pour la modernisation du système de santé.

À titre de comparaison, Berlin consacre 42 % de ses mesures à l’environnement et 52 % au digital, domaine où elle affiche un certain retard. Le pays d’Angela Merkel, qui s’appuie sur une industrie automobile forte, affectera 2,5 milliards à l’achat de véhicules électriques et mise lui aussi sur l’hydrogène. Les initiatives espagnoles seront tournées à 40 % vers l’écologie, à 28 % vers la transformation numérique et à 10,5 % vers l’éducation et la formation quand celles de l’Italie seront consacrées à 37 % au climat et 25 % au digital.

Ces plans seront financés au niveau européen. Pour le moment, Bruxelles a levé 45 milliards d’euros à travers trois émissions obligataires. Des opérations qui ont "rencontré un vif intérêt et obtenu des taux très faibles", poursuit la source européenne. Outre la dette, l’UE va se doter de nouvelles ressources propres, comme le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (taxe carbone) ou une taxe sur les géants numériques, qui répondent à des impératifs économiques mais aussi politiques. Et viendront ainsi soutenir les États dans leur transition écologique et numérique.

Olivia Vignaud

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